Les parcelles sur lesquelles a
été construite la villa Les Rosiers ont été acquises par un couple d'italiens.
Le mari était propriétaire avec son frère de la seule compagnie d'autobus qui
desservait le village depuis Nice, et ce depuis que le tramway avait été supprimé en 1931.
Ils ont acheté en 1932 le lot 16
issu de la division du lot 16 (ancien) en lot 16 et 16 bis. Bizarrement le
géomètre a conservé l'ancienne numérotation, avant division, pour les nouveaux
lots, si bien que l'on ne sait plus si l'on parle de l'ancien ou du nouveau
lot.
La nouvelle parcelle 16 qui avait
une limite en bordure de voirie communale est donc vendue en 1932. En 1933, ce monsieur
achète la parcelle 16 bis et en 1934 les parcelles 18 et 18 bis. La parcelle 18
se trouve dans le prolongement de la nouvelle parcelle 16. Très rapidement il fait construire un vaste
hangar à cheval sur les parcelles 16 et 18 pour y installer un garage de
mécanique automobile, essentiellement pour l'entretien et la réparation
des autobus de la compagnie "les pigeons voyageurs". Il fait
une déclaration en préfecture pour autorisation de détention de produits
dangereux. L'autorisation lui est délivrée en 1935 alors que les travaux de
constructions sont déjà commencés et s'achèveront en 1936, et que la cahier des
charges du lotissement interdit ce type d'activité autant pour caractère
bruyant que pour l'utilisation de produits dangereux.
De son projet initial de
construire des locaux professionnels, un hangar et un espace de bureau
attenant, il décide finalement d'en faire son habitation. Il fait alors
rajouter des pièces sur le coté sud et ouest du bureau, et aussi un premier
étage au dessus de celle-ci. L'accès à l'arrière de la propriété se trouve donc
réduit à un passage d'environ 2,10 m entre la façade de la maison et la clôture
avec le voisin.
En 1937, la
compagnie de bus est vendue à la société "les rapides du littoral".
L'exploitation du hangar de mécanique
automobile est elle aussi vendue. José ne peut plus passer par l'accès
carrossable du garage pour rentrer dans sa maison, et la configuration de la
construction sur le terrain ne permet pas la création d'un autre accès par le
sud.
Il aurait
pu demander au lotisseur de créer la voie qui lui aurait permis d'accéder à sa
maison par l'arrière. Mais il ne fait rien de tout cela. Il considère qu'en
ayant réuni entre ses mains les deux lots issus de la division du lot 16, il a
reconstitué celui-ci, et que ce lot disposait d'un accès sur la voie publique.
Il n'y avait pas de raison d'en vouloir un autre bien plus éloigné du village
et de ses commerces.
Il rachète un morceau de forme triangulaire de
10 m² ,
d'une longueur 4.75 m de long sur la rue,
détaché du lot 14, son voisin à l'est. Ainsi il
crée un nouvel accès à la propriété et il double la superficie de cour
devant la maison.
En février 1943, José s'éteint laissant une
partie de la propriété à Jules, son fils. Le lot 18 bis est divisé en deux, une
partie rejoint la propriété mitoyenne de sa fille, l'autre partie restant à
Jules.
Sa
veuve va continuer d'habiter la maison jusqu'à l'évacuation générale du village
ordonnée par les allemands.
Au
retour, en novembre 1945, des travaux d'aménagement sont faits, la veuve de
José occupe le rez de chaussée jusqu'à son décès en novembre 1970, tandis que premier étage devenu indépendant est loué
à une famille.
Des
travaux de rénovations sont réalisés dans l'appartement du rez de chaussée
avant d'être de nouveau loué à une famille d'italiens dont la fille est déjà
mariée. Seul le fils François vit encore avec eux. Il a vingt et un ans.
C'est
à partir de l'arrivée de cette famille que les choses vont se dégrader
progressivement. C'est la fin de la quiétude pour Andréa. Le fils des voisins
va n'avoir de cesser de vouloir s'approprier le chemin par tous moyens
Tissant
sa toile, il va petit à petit insinuer que le chemin n'est pas à Andréa, qu'il
a le droit d'y passer, de l'utiliser, d'y stationner, d'y faire les travaux
qu'il souhaite….
Andréa,
portant pourvue d'un fort caractère, se laisse embobiner par l'esprit charmeur
mais intéressé de François. "Vous
avez besoin de replacer une tuile ne vous inquiétez pas, faut bien s'entraider
entre voisins." Et quelques temps plus tard: " Madame Andréa, j'ai une grosse livraison de marbre qui doit
arriver. Si je les fais décharger dans la rue, là bas, ça va bloquer la
circulation. Est-ce qu'on peut passer exceptionnellement par chez vous?
Andréa
ne peut pas refuser. Son éducation, son âge, les services rendus font qu'elle se sent obligée de ne pas s'opposer. "Oh! Après tout, il ne s'agit
que d'une seule fois. Après ils vont refaire le mur qui s'écroule. Ce sera
mieux." se dit Andréa.
Mais une fois
détruit le vieux mur de clôture, on a placé du grillage, à la place des
briques.
Et
la clôture a été de nouveau ouverte 2 fois par ans, puis tous les 3 mois, tous
les mois, 15 jours… et pour finir tous les jours. Puis ils ont commencé à
stationner le long du chemin.
LE
VER EST DANS LE FRUIT. Andréa, maintenant
trop âgée, n'a plus la force de se battre, de lutter contre l'envahisseur.
Ses
enfants ne sont pas toujours présents à SIMPLE ABRI, il faut bien qu'ils
travaillent, et dès qu'ils sont là, François fait bien attention à ne pas
indisposer la famille.
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