CHAPITRE II
De 1943 à 1945
La construction du petit abri commence dès le début de
l'année 1943.
Et là commence la jalousie.
La voisine, riveraine à l'ouest de la voie d'accès,
une vieille fille artiste peintre, se plaint alors que le chemin, débroussaillé
pour la construction et pour l'acheminement de l'eau potable, est équipé d'une
barrière. Elle veut accéder à l'arrière de sa propriété, dit qu'elle a droit au
passage, que le chemin est une voie de
lotissement destinée à être cédée à la commune, qu'elle veut construire un
atelier au fond du jardin … Elle interpelle la commune à ce propos, qui écrit au notaire, lequel répond en reportant les termes de la vente du chemin. Il confirme implicitement, mais la mairie et
la voisine qui ne semblant pas être
d'accord, interpellent à nouveau le notaire en disant que cette vente
est contraire au cahier des charges du lotissement…
André se défend en expliquant au maire, par courrier,
que le lotisseur n'a rien fait pour lui permettre d'avoir un accès à sa
propriété, qu'en plus d'en avoir payé le prix, il a aménagé le chemin à ses
frais, et que si la mairie veut ouvrir cet accès, il faudra lui en rembourser
le prix et le coût de l'aménagement.
André ne cède pas. Le cabanon est achevé, la barrière
maintenue fermée. Et l'affaire s'arrête là. La vieille étrangère, artiste
peintre, se fait discrète. Il ne fait pas bon de se faire remarquer alors que
les italiens viennent de partir et que l'on entend déjà les bottes des
allemands résonner sur le bitume des villes de la côte d'azur.
L'été s'achève,
les tomates et les autres légumes ont bien été utiles à l'alimentation
familiale car même si l'on est en zone libre, c'est l'époque des
restrictions. Les conserves vont être
ramenées à Nice pour l'hiver. Les enfants ont été mis en pension parce que le
ravitaillement y est assuré, les enfants sont surs d'être convenablement
nourris.
Mais les allemands, arrivés en
septembre dans le village, craignent de plus en plus un débarquement sur le
littoral de la côte d'azur. Ils occupent
déjà le phare qui leur permet une surveillance de la mer.
En février 1944, le village reçoit un ordre
d'évacuation général. Les pinèdes et les plages sont minées. Les habitants qui
ne savaient pas ou se réfugier sont
acheminés vers l'Isère, d'autres se
logent dans la famille à Nice ou dans les villages environnants.
Le secrétaire de mairie, refuse de
quitter le village. Il entretient le dialogue avec les troupes allemandes.
Il parviendra lors de leur départ
précipité à la suite du débarquement en
Provence et de l'avancée des américains,
à obtenir de la part du commandant le plan des emplacements des mines et
bombes disséminées partout dans la commune, sur les plages et les lieux
stratégiques.
Les habitants n'auront l'autorisation
de revenir qu'en novembre 1944 qu'une
fois le long déminage terminé.
Durant cette période d'exode, André et
Andréa restent à NICE. Mais comme tous les autres habitants du village,
propriétaires… chacun regrette la tranquillité de ce coin de paradis, chacun se
demande si il va retrouver un jour sa maison, dans quel état, bombardée par les
alliés, pillée par les allemands, brûlée par vengeance…
A SUIVRE.....
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