II/ Villa Marie.
Sur
l'autre coté du chemin se trouve la villa Marie. La propriété est la réunion
des lots 17 et 17 bis, de la même façon que pour la villa Wanda, une longueur
de terrain sur quatre mètres de large a été prise pour former le chemin.
La maison est
construite sur le lot 17 d'environ trois cent mètres carrés par un restaurateur qui fait la saison d'hiver ici, et la saison
d'été dans la région de Chamonix. Elle ressemble à un chalet au
toit pentu, avec des volets portant un
trou en forme de cœur, des poutres en bois apparentes de l'extérieur, et une
pièce mansardée dans les combles…
De la rue on
accède à la propriété par une entrée piétonne donnant sur un escalier de trois
marches faisant face un mètre plus loin à un autre escalier de trois marches
donnant accès la porte d'entrée de la
maison implantée à trois mètres de la route.
Rapidement la
saison touristique s'inverse et ce monsieur choisit de passer toute l'année à
la montagne. Il vend sa maison à une artiste peintre anglaise qui rapidement
achète le lot 17 bis et double la superficie de la propriété.
En 1943, cette
artiste peintre, vieille fille et jalouse se plaint à la municipalité de
l'époque qu'André construit un petit cabanon et a fermé le chemin d'une
barrière en bois.
La guerre et
l'évacuation du village due à l'occupation allemande referme le litige sans
être réellement tranché. La municipalité qui n'est plus pressée par la vieille
fille et qui a d'autres chats à fouetter à la libération, ne poursuit pas le
débat.
L'affaire en
reste donc là pour le moment.
Cette artiste
peintre vend en 1948 à un médecin de Grenoble et sa femme qui souhaitent se retirer au soleil.
4 ans plus tard le monsieur
décède et la dame se trouve seule. Elle est rapidement prise en charge par un
couple de voisins dont les fenêtres donnent sur son jardin. La dame vient lui
faire les travaux de ménage, le monsieur le jardin.
Lui
est italien. Il a fuit les chemises noires au début des années trente et a
rencontré une fille mère. Ils se sont mariés en 1942, alors que l'Italie le
réclamait pour combattre. Devenant français par mariage, il n'avait plus rien à
craindre de Mussolini. Mais il y avait
aussi une autre raison, la dame était enceinte. A l'occasion du mariage, brave
comme tout, il reconnu et légitima la fille aînée de sa femme âgée de 8
ans et lui donna une filiation.
Elle
est du massif central, fuyant sa famille quand le père lui fit comprendre
qu'elle était une fille perdue, qu'elle lui faisait honte…
Elle
arrive à Nice en 1933 pour y faire naître sa fille sans père.
Après
Jacques naquit une autre fille, Yolande.
En
1972 la dame âgée décède en laissant par testament tous ses biens au couple si
prévenant, qui ne perdit pas de temps pour emménager dans la villa Marie.
En 1980 Jacques et Yolande insistent beaucoup
après des parents et obtiennent qu'ils fassent donation de leurs biens à leurs
enfants. Jacques eut la villa, bien qu'il habitait l'ancien appartement des
parents et Yolande ce fameux appartement.
Quant à la fille aînée, elle reçut de la part de son frère et de sa sœur, une compensation financière attestant de son intégration dans la famille, avec l'assentiment du père. Les deux derniers enfants savaient pertinemment et lui ont toujours fait sentir la différence de ses origines car chacun d'eux était jaloux et cupide.
Quant à la fille aînée, elle reçut de la part de son frère et de sa sœur, une compensation financière attestant de son intégration dans la famille, avec l'assentiment du père. Les deux derniers enfants savaient pertinemment et lui ont toujours fait sentir la différence de ses origines car chacun d'eux était jaloux et cupide.
En 1998 le père est atteint de démence et
veut aller travailler. Son fils retire toutes les clefs et l'enferme chez lui. Tous
les jours, il y a quelqu'un en permanence dans la propriété à veiller que le pauvre petit vieux ne sorte pas et n'aille pas raconter les vilains secrets de
famille.
La santé de la
mémé, que le pépé fait tourner en bourrique, se dégrade de plus en plus. Et le
coup de grâce aurait pu avoir lieu quand le fils de Jacques se tue dans un accident
de la route, comme son grand-père maternel 50 ans plus tôt. Mais ni Jacques, ni Colette sa femme, ni Yolande ne disent rien à la mémé. Elle est morte deux ans plus tard en
se demandant pourquoi son seul petit-fils ne venait plus la voir.
Mais le pépé
est encore là et il faut le surveiller. Un tour de garde s'organise. Le mari de
Yolande vient le matin, à 7 heures tapantes jusqu'à 13 heures. Bien sur il se gare dans le chemin
avec sa vieille voiture au pot d'échappement brinquebalant. La nuit c'est une
garde privée qui vient, et l'après midi c'est une autre garde.
Et tout ce
petit monde, Jacques compris, Colette, Yolande, et les visites des amis,
copains … aussi, sans compter lorsque la fille aînée vient avec son mari tous
les samedis, stationnent dans le chemin.